Qui osera appuyer sur le bouton de la censure ?
La retraite et encore la retraite ! Le sujet de prédilection dans un pays qui semble ne penser qu’à cela. Et le gros caillou dans la chaussure d’une Assemblée nationale marchant de travers. Avec aujourd’hui, un bras de fer, autour de Sébastien Lecornu, entre un PS continuant à s’accrocher à ce totem et des LR déterminés, au contraire, à refuser le moindre retour en arrière, chacun menaçant d’appuyer sur le bouton de la censure.
Mais qui osera le faire ? Qui peut ignorer les risques de lourdes conséquences pour celui qui passera à l’acte, et pour le PS comme pour LR, la situation est à peu près équivalente. D’abord le contexte. Les Français, dans leur majorité, ne sont pas mécontents que le gouvernement soit encore en place et que Sébastien Lecornu se montre plus fin politique qu’on ne le pensait. L’attelage tient, le pays a besoin de stabilité et les Francais vont commencer à avoir l’esprit à Noël. Venir à nouveau tout casser en provoquant une dissolution et donc une campagne électorale et de nouvelles élections tiendrait d’un scénario catastrophe à cette période de l’année. Et celui qui provoquerait cette nouvelle sortie de route aurait à en assumer le prix, comme Macron paye le sien depuis plus d’un an pour avoir provoqué une dissolution foutraque et un verdict accentuant fortement le déséquilibre de l’Assemblée.
Pas bien armés
PS comme LR ont également pour point commun de n’être pas bien armés, actuellement, pour affronter une bataille électorale. Depuis qu’ils ont tourné le dos à LFI, les socialistes naviguent entre opposition résolue et participation conditionnelle, pas vraiment idéale pour conforter l’unité du parti et l’image qu’il renvoie. Partir en campagne au mauvais moment a rarement donné des résultats probants. Pas mieux pour des LR subissant l’attraction de Marine Le Pen sur une partie des militants et souffrant du chassé croisé Retailleau-Wauquiez. Le second semble avoir repris la main d’un parti qui a du mal à assumer d’avoir écarté ceux de ses membres, et pas des moindres, ayant choisi de rester ministres au moment où Retailleau claquait la porte. En se retrouvant bien seul sur le palier. Pas du meilleur effet.
L’ombre des municipales
Mais pour Olivier Faure (PS, ci dessus) ) comme pour Laurent Wauquiez, le moment serait malvenu pour faire sauter le gouvernement alors que se profilent les élections municipales où l’un comme l’autre ont beaucoup à perdre. Ces deux formations ont enregistré des résultats pitoyables à la présidentielle (moins de 5 % pour l’un comme pour l’autre), bien éloignées de leur emprise arithmétique sur le pouvoir municipal. Elles ont toutes deux de nombreux bastions à défendre, dans les métropoles comme dans les petites villes. Et donc gare à celui qui provoquerait le bazar d’une nouvelle dissolution. Tel Macron, il y a un an.