La Bretagne en forme au congrès des régions

Versailles, Palais des congrès. Mais pas le château ! C’est dans cette ville hautement symbolique du pouvoir central que va s’ouvir le Congrès des régions françaises, à l’heure où la décentralisation revient en force dans un débat national englué dans les blocages institutionnels, aux niveaux parlementaire et gouvernemental.

La Bretagne se présente en bonne forme à ces assises de la France des territoires avec le taux de chômage le plus bas des régions françaises (6%), grâce à la diversification de son économie et à sa faible dépendance des investissements étrangers qui lui a évité de grands coups de boutoir. En deux décennies, elle est passée de l’image d’une région économiquement enclavée à celle d’un territoire dynamique, grâce notamment à la révolution du numérique qui a aboli les distances et gommé bien des handicaps géographiques qu’une ville comme Brest traînait comme le boulet de ses bagnards du temps jadis. Elle est au contraire, aujourd’hui, une région très attractive et même le réchauffement climatique s’y est mis pour inverser la tendance.

Dans un sondage Ifop pour Régions de France, elle dégage triplement l’image d’une certaine sérénité en ces temps de tensions. 91 % des habitants disent qu’ils sont très attachés à leur région, plus fort pourcentage de France. C’est celle avec le plus fort ratio d’habitants confiants dans la conjoncture économique de leur région (85%) et celle dégageant le plus fort taux de satisfaction envers son conseil régional (78%). Dans les trois cas, la Bretagne se distingue de la France d’en-face. On peut ajouter que des statistiques récentes ont révélé qu’elle est celle où les défaillances d’entreprises ont le plus reculé (- 9%) ces derniers mois alors que la hausse est quasi-générale dans tout l’Hexagone.

« Un nouvel élan de décentralisation »

C’est donc une région en confiance qui se présente à ce congrès national où la décentralisation tient le haut de l’affiche en ces temps de remise en cause d’un pouvoir central bien secoué depuis les gilets jaunes. Mais qui a dû aussi encaisser des événements d’exception et totalement imprévisibles comme la crise covid ou la guerre d’Ukraine, avec son chapelet d’inflation, des dépenses supplémentaires et d’hostilité ouverte de la Russie.

Le contexte institutionnel est donc favorable à un nouvel élan de décentralisation. Le sujet est récurrent en Bretagne mais il a pris de la consistance avec les propos du Premier ministre qui est allé jusqu’à promettre « un projet de loi avant les municipales ». On ne sait s’il y pense réellement ou si c’est pour s’assurer du temps de présence à Matignon (comme Bayrou avec le conclave des retraites) mais le sujet est cette fois sur la table. Jean-Yves Le Drian, ex-ministre et ex-président du conseil régional ne dit pas autre chose quand il se prononce pour ce nouvel élan en déclarant qu’il y a « une crise de la distance et une crise de la verticalité » et « une demande de proximité, un sentiment de déclassement et d’absence d’écoute et de repères » (Ouest-France). Il fait au passage référence à une étude de l’Ifop indiquant que 70 % des Français sont favorables à une décentralisation renforcée. « C’est une progression considérable », observe-t-il, en affirmant que « la défiance envers les élus tient aussi à l’hyperprésidentialisation. Du coup, « le Président est responsable de tout ».

Le contexte est donc favorable à une nouvelle étape de décentralisation. A condition bien sûr que les transferts éventuels  se traduisent par des économies réelles. Avec les intercommunalités, on a vu les dépenses augmenter fortement au niveau intercommunal mais sans baisser, dans les mêmes proportions, au niveau communal.  

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