La France dernier pays du Club Med

245 voix contre 146. Sans surprise, l’Assemblée nationale a adopté la suspension de la réforme des retraites. La France envoie ainsi un drôle de message à ses voisins européens, à tous les milieux économiques et financiers mais aussi à sa propre jeunesse qui devra passer payer l’addition. Alors que la profondeur abyssale de nos déficits et des perspectives alarmantes pèsent sur l’avenir du pays, alors que la situation exige des faire des efforts et de tailler dans les dépenses, l’Hexagone réfractaire choisit au contraire de revenir en arrière sur les retraites, se tirant une balle dans le pied en creusant encore plus le gouffre financier.

Nous sommes ainsi le dernier pays du Club Med’, ce groupement de pays méditerranéens qui avaient été ainsi surnommés par les Européens du Nord pour leur propension à se la couler douce. Mais la page est tournée. La Grèce, l’Espagne et le Portugal ont pris des mesures drastiques sous la houlette du FMI et l’Italie a fait passer la retraite à 67 ans pour inverser la tendance. 67 ans ! Nous, nous revenons en arrière et les prochains partants vont gagner un trimestre sur le calendrier de la réforme. Un trimestre sur 170.  Pour si peu, le pays se remet la tête à l’envers. D’ailleurs, certains de ces gagnants le feront peut-être quand même, ce trimestre supplémentaire, puisque leur pension de retraite sera d’autant réévaluée. Car aujourd’hui, ce ne sont plus les retraites que les Français ont dans la tête. Ils s’étaient fait à l’idée de travailler plus longtemps, contrairement à ce que claironnent certains partis, et ce qu’ils veulent surtout maintenant, c’est du pouvoir d’achat. Devoir moins se serrer la ceinture à cause des charges exorbitantes sur les bulletins de salaires, en partie liées à l’explosion du nombre de retraités du papy-boom, venu percuter les caisses de retraite (du public, surtout) et notre système de santé déjà bien fragilisé.

Les députés ont choisi. La stabilité était à ce prix. Mais après ce que l’on voit depuis des semaines, il y a de quoi avoir le bourdon en pensant que la retraite sera probablement le sujet majeur de la campagne présidentielle. Nos voisins européens ne vont plus nous appeler le Club Med’ mais la Maison de retraite.