Elle va tous les rendre chèvres

L’Assemblée baisse le son mais hausse le ton. Depuis que les députés de gauche se regardent en chiens de faïence, on entend beaucoup moins les vociférations constantes qui ont marqué les débats depuis 2022, notamment autour de la réforme des retraites. Elisabeth Borne, à son corps défendant, a battu des records de décibels pendant ces journées. On ne l’entendait plus quand elle montait à la tribune dans un invraisemblable tintamarre.

C’est moins le cas aujourd’hui. A la télé, on peut enfin suivre les débats sans avoir à jouer de la télécommande pour adapter nos oreilles au niveau de décibels ambiants. Toutefois, on n’aura pas manqué de remarquer que, sur les bancs du Rassemblement national, on se manifeste plus bruyamment, sans doute pour faire comprendre à tous que le RN est bien dans l’opposition en ces temps où ne sait pas toujours qui est avec qui.

Si collectivement, l’Assemblée a donc baissé le son, individuellement, certain(e)s député(e)s haussent le ton et, ces jours derniers, Sandrine Rousseau, la passionaria des Verts, s’est particulièrement distinguée dans cet exercice. Elle hurle certains passages de ses interventions, bien plus qu’elle ne le faisait jusqu’ici, sans que l’on sache si c’est une tendance naturelle ou une stratégie pour chauffer les adversaires.

En tout cas, c’est réussi. Coup sur coup, elle a fait dégoupiller des députés, mâles bien sûr, qui ont fait l’objet d’un rappel à l’ordre. La plus remarquée est venue d’un député UDR qui, après une intervention de la députée écologiste, a pris le micro pour rappeler le règlement intérieur sur les débats et lancer : « Madame Rousseau, est-ce que vous pourriez cesser de hurler quand vous prenez la parole. Vous nous cassez les oreilles ». Une intervention aussitôt interrompue par la présidente de l’assemblée, Yaelle Braun-Pivet, vociférant à son tour pour sanctionner le député d’un rappel à l’ordre et lui couper le micro. « Je ne tolérerai plus aucune remarque sexiste, c’est fini. C’est fini. C’est honteux ». Une réaction qui pose tout de même une question : aurait-elle sanctionné si le reproche du député s’était adressé à un homme ?

Deux députés RN aussi

Il faut croire que les interventions sonores de Sandrine Rousseau ont le don de faire dégoupiller sur tous les bancs puisque deux députés RN, la veille, ont également été sanctionnés d’un rappel à l’ordre pour avoir crié à son adresse « Sandrine, tu vas craquer »  ou encore « Elle est complètement siphonnée ». Ambiance.

En dehors de l’hémicycle, elle a également ce même pouvoir d’exaspération comme on l’a vu avec son projet d’installation à Dinéault, dans le Finistère ou des agriculteurs des environs se sont mis en pétard en apprenant la nouvelle. Avec mobilisation autour d’un barbecue. Il faut dire que quelques jours plus tôt, elle avait déclaré n’en avoir « rien à péter de la rentabilité des agriculteurs », ce qui n’est pas la meilleure manière de susciter des mots de bienvenue quand on arrive en secteur rural.

Ah, Sandrine Rousseau… Elle va finir par tous les rendre chèvres. Elle devant et, derrière, un troupeau de moutons bêlants. Pour une députée écolo-féministe, quel triomphe !

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