Nous Gaulois si cigales si fourmis

Moins travailleurs que les autres et plus épargnants que tout le monde. Nous autres, Gaulois réfractaires, tenons à la fois de la cigale et de la fourmi, en ayant pris le mauvais penchant de l’une et de l’autre. A la cigale, nous avons emprunté la retraite à 60 ans et les 35 heures, ces deux options qui nous valent d’être classés Club Med par les Européens du Nord.

Certes, nous sommes passés de 60 à 62, puis de 62 à 64 mais le retour en arrière décidé par l’Assemblée du peuple promet de nous remettre très loin de ces Allemands ou Italiens qui en sont à la retraite à 67 ans. Quant aux 35 heures, véritable calamité pour l’économie française au tournant du millénaire, elles nous ont installés dans un confort qui a suscité des déclinaisons encore plus audacieuses. Telle la proposition de Benoît Hamon, candidat PS à la présidence de la République, d’instituer le revenu universel qui aurait permis aux jeunes adultes de jouer sur leur ordi tout le mois et de recevoir leur revenu versé par l’État le 30 ou le 31. Joyeuse perspective. Déclinaison tout aussi audacieuse de Sandrine Rousseau quand elle a décrété haut et fort que « le travail est une valeur de droite », invitant ainsi tous les jeunes de gauche à aller glandouiller plutôt que d’aller au turbin.

Et puisque nous partons tôt en retraite, nous sommes aussi le pays qui compte le plus de retraités par rapport à la population active et où l’espérance de vie est parmi les plus élevées de la planète grâce à un système de protection sociale quasi-unique au monde. Marqué, en prime, par une surconsommation médicale elle aussi hors du commun. La totale ! Le modèle français, comme on dit, sauf que ce sont nos enfants qui devront le payer puisque, comme la cigale, nous avons continué à chanter tout l’été

Mais nous nous trouvâmes bien dépourvus quand la bise fut venue. Et la bise se mit à souffler fort quand nous avons enfin pris conscience que le puits de nos déficits était plus profond que les gouffre de Padirac. Et tout vola d’autant plus en éclat qu’une dissolution foutraque mit l’Assemblée du peuple sans dessus dessous, semant désarroi et inquiétude dans les territoires. Avec une telle force que chacun se mit à épargner comme la fourmi amassant moult sacs de grains dans son grenier. Comme elle, la crainte du lendemain nous a poussés à épargner, épargner et encore épargner au point que nous venons de dépasser les Allemands et que nous sommes, avec 19 % d’épargne, quasi champions du monde de l’argent mis de côté. Avec une conséquence : des reculs de la consommation, privant l’État de quelques milliards d’euros (de TVA) parmi ceux qui manquent soudain dans les caisses de l’État.

Alors, à défaut de morale, La Fontaine aurait pu actualiser sa fable de ces quelques vers :

A la fois cigales et fourmis,

Entre chants et économie

Les Gaulois furent abasourdis

De se trouver si démunis

Ils mirent sur le dos de Macron

Et des rupins de la nation

La cause de leur déconvenue

Et prièrent Dieu et Lecornu

De vouloir bien faire un miracle

Pour les sortir de cette débâcle

Partager cet article :

Privacy Preference Center