Audiovisuel Le choc frontal !

Depuis l’affaire Benalla, on sait à quel point les commissions d’enquêtes parlementaires peuvent impacter la vie politique. Dans ce feuilleton de l’été 2018, au lendemain de la victoire en Coupe du monde de football, c’est le Sénat qui était à la manœuvre, avec Macron en ligne de mire. Comme fut le cas aussi avec la commission sur l’influence croissante des cabinets de conseil sur les politiques publiques, visant explicitement l’Elysée. Cette fois, c’est l’Assemblée qui est aux commandes avec une commission sur l’audiovisuel public qui s’annonce digne des grandes heures de Dallas.

Le feuilleton a déjà commencé avec les passes d’armes publiques entre les médias du groupe Bolloré (Cnews, Europe1 et le JDD) et ceux de l’audiovisuel public, avec Delphine Ernotte en première ligne (notre photo), présidente de France Télévisions. Dans une déclaration inhabituelle pour une personnalité du service public, elle a nommément accusé CNews d’être « une chaîne d’extrême droite ». Une prise de position faisant suite à l’affaire Cohen-Legrand, les deux journalistes de France Télévision et Libération, soupçonnés de collusion avec le parti socialiste à la suite de la diffusion d’une vidéo prise sur le vif. Cnews, Europe1 le JDD ont commenté en boucle cet épisode, confortant chacun à son tour l’image d’un service public diffusant une idéologie de gauche avec de l’argent public, « l’argent des Français », expression récurrente dans les émissions de ces trois médias.

France Télévision a répliqué, ce jeudi soir, avec une émission « Complément d’enquête » entièrement dédiée à Cnews, à ses animateurs et directeurs d’antennes, avec une tonalité d’autant plus offensive contre cette chaîne que les dirigeants et personnalités de Cnews ont refusé de répondre aux questions des journalistes.

On est maintenant dans le choc frontal. Et cette commission d’enquête sur l’audiovisuel public ne va pas contribuer à calmer le jeu. Elle est montée à l’initiative du groupe UDR du député Eric Ciotti, proche de Marine Le Pen et partisan déclaré de la privatisation du service public si le RN parvient au pouvoir. Autant dire que Delphine Ernotte et les dirigeants de France-Télévisions et Radio-France qui vont être auditionnés ne seront pas ménagés, comme Vincent Bolloré lui-même lors de la commission du Sénat sur la concentration des médias en France. On s’attend aussi à l’audition de personnalités vedettes des chaînes publiques, comme Léa Salamé ou Patrick Cohen, ce qui ajoutera du piment à cette confrontation directe et publique, puisque la chaîne parlementaire LCP (la 8) donnera des retransmissions en directs ou des extraits, notamment samedi 29 à 16h30 et dimanche 30 à 12h30.

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