Chez vous aussi, appliquez la méthode Trump
Pour un peu, elle lui aurait embrassé la main. Et pourtant, il venait de la détrousser comme au coin d’un bois. L’humiliant tête-à-tête entre Ursula Von der Leyen et Donald Trump restera comme l’une des images les plus renversantes de l’année. La présidente de l’Union européenne aura incarné, ce jour-là, le succès de la méthode Trump, procédé machiavélique consistant à promettre le pire à un interlocuteur avant d’adoucir la menace et de la descendre à un échelon plus acceptable. Au point de la faire apparaître, au final, comme une bonne action légitimant le chapelet de remerciements que Ursula Von der Leyen a adressé à Taxman, ce jour-là. Avec presque un larme de gratitude au bord des yeux quand il a fait descendre les droits de douane à 15 % alors qu’il les avait fait précédemment culminer jusqu’à 200 % pour des alcools européens.
Alors forcément, on s’est demandé si François Bayrou, lui aussi, ne nous faisait pas du Trump quand il a annoncé faire passer à la trappe le 8 mai et le lundi de Pâques. Deux d’un coup. Gonflé ! Comme Trump annonçant qu’il allait prendre le contrôle du canal de Panama et faire du Canada la 51e État américain. Mais contrairement au président U.S., Bayrou n’a pas fait le petit geste commercial qui rend le sourire au client. On s’attendait à ce qu’il fasse descendre la barre à un jour férié au lieu de deux. Mais le Pyrénéen est resté au sommet de son Himalaya où les vents d’altitude l’ont emporté comme un béret basque un jour de tramontane.
La méthode Trump n’est à vrai dire pas une exclusivité du candidat déclaré au Prix Nobel de la Paix. Elle peut même être déclinée chez vous, au moins avec votre progéniture. Vous en avez marre des portables de vos enfants allumés jusqu’à des heures impossibles et vous voulez qu’ils les éteignent à 22 h ? Attendez le diner et dites-leur : « Désormais, vos portables devront être éteints à 21h. Et pas de discussion, ce sera comme ça et pas autrement. « Non papa, c’est pas possible, ça ! ». Signaux de détresse chez les enfants, rage manifeste et tout le monde tire le museau. Puis silence pesant. Idem le lendemain. A l’heure du repas, reprenez la parole : « Dans un souci d’apaisement, votre mère et moi avons décidé de vous autoriser le portable jusqu’à 22h. Mais de revenir à 21h si vous ne respectez pas cet horaire. ». Cris de joie des enfants, fratrie ressoudée par cette conquête et satisfaction d’une victoire collective sur la tyrannie parentale. Tout le monde est content. Et pourtant, avec l’approbation de tous, les portables seront désormais éteints à 22h. Merci qui ? Merci Trump !