Et si Lecornu lançait le plan Caliméro
Sébastien Lecornu, à la sortie du marché, avec deux poireaux dépassant de son sac. Ce cliché insolite, qui a fait le tour des médias, témoigne à quel point notre actuel Premier ministre cultive l’image de la simplicité et de la modestie. Et cela ne lui réussit pas trop mal puisqu’ il est toujours en fonction malgré les menaces de censure qu’on brandit chaque jour devant lui, telle une sorcière d’Halloween dansant au-dessus des travées d’un Palais Bourbon souvent sur des charbons ardents..
Contrairement à son prédécesseur, François Bayrou, qui avait tendance à montrer les muscles et même à se prendre pour Trump avec ses deux jours fériés supprimés d’un coup d’un seul, Lecornu la joue modeste. Et dans un élan de sincérité peu commun en politique, il est même allé jusqu’à déclarer, tout contrit : « Je suis le Premier ministre le plus faible de la Ve République ». Forcément, avec la composition de l’Assemblée…
En agissant ainsi, il tient là un rôle de composition, certes peu en phase avec sa fonction précédente de ministre des Armées, mais qui peut être payant. L’image n’est pas très flatteuse mais c’est peut-être la seule pour lui permettre de faire voter un budget avant la fin de l’année. A défaut de passer par le 49,3, qu’il demande à chaque groupe de faire preuve de compassion, voire même de pitié pour notre pauvre Marianne qui ne sait plus à quel saint se vouer tant la situation lui semble désespérante. Lecornu doit même aller encore plus loin en lançant carrément le plan Caliméro, ce petit poussin pas tout à fait sorti de son œuf, qui fait pitié tant il lui arrive de malheurs. Et qui ponctue souvent ses pensées en zozotant « c’est trop inzuste ».
Que notre locataire de Matignon monte à la tribune et, s’il le faut, qu’il prenne un ton pleurnichard à la Caliméro pour quémander l’indulgence des députés, au nom de Marianne, de la France et des générations futures. Et, s’adressant aux formations, de la gauche à la droite, il les interpellera chacune à son tour. A la France insoumise, il demandera la fraternité, y compris avec les rupins pour qu’ils ne se fassent pas tous la malle, de chez Louis Vuitton, of course. Avec le PS il sollicitera de la mansuétude au nom des responsabilités communes, avec les Verts de la solidarité au nom de la planète et avec les communistes, il fera bien sûr appel à l’humanité (en vente tous les jours, 2€90). Aux macronistes, il mendiera de la bienveillance et en même temps de la clémence et aux centristes, de l’indulgence. Il priera les LR de lui accorder toute leur compassion et avec le RN, il quêtera de la charité chrétienne bien de chez nous.
Bref, de tous, il attendra un geste d’entraide. C’est peut-être la stratégie la plus appropriée à notre époque et aux fondements de notre nation réputée être solidaire. Au pays des Restos du cœur et de l’assistance, voire de l’assistanat, que Lecornu se mue en Caliméro n’est sans doute pas la plus mauvaise carte à jouer pour obtenir le secours de tous. L’Assemblée est devenue un tel bazar qu’il ne risque pas grand-chose à la tenter.