Triple peine pour les milliardaires français

A New-York, ils paradent du côté de Wall Street. En Angleterre, ils s’affichent au volant de voitures de sport. En Italie, ils se montrent à Milan. En France, ils se font discrets. Très discrets. Les milliardaires français savent que l’Hexagone n’est pas le territoire le plus conciliant à l’ égard des très riches. Les débats sur la taxe Zucman ont une nouvelle fois montré à quel point leur image est associée à l’extrême richesse et bien peu à la réussite économique, alors que les fortunes qu’on leur attribue tiennent essentiellement à la valeur de leurs entreprises. Pas à leur patrimoine personnel.

Au pays qui a écrit « égalité » au fronton de ses mairies, les très riches ont donc souvent la vie dure, associés qu’ils sont à ces privilèges de l’Ancien régime, abolis en 1789. Dans le monde occidental, elles font de la France la terre affichant le plus ostensiblement ses réticences à l’égard des milliardaires, bien relayées par des médias qui leur sont ouvertement hostiles. A l’image du fameux « Casse toi riche con » adressé à Bernard Arnault (patron de LVMH, ci-contre), en une de Libération, journal pourtant financé alors par un certain Rothschild.

L’auto hier, le luxe aujourd’hui

Mais si les milliardaires français sont aussi mal considérés, sans doute le doivent-ils aussi au glissement progressif des grandes fortunes vers l’industrie du luxe. Il y a  quelques décennies, ce sont les familles Peugeot ou Michelin qui symbolisaient les grandes fortunes et la réussite industrielle forgée dans l’acier. Aujourd’hui ce sont les familles Arnault (LVMH), Hermès (Hermès International) Wertheimer (Chanel) Bettencourt (L’Oréal) ou Pinault (Kering) qui trustent les premières places du classement des milliardaires, tous grands propriétaires dans l’industrie du luxe. Or aussi paradoxal que cela puisse paraître, le pays du luxe n’aime pas les riches puisque le luxe est justement un marqueur d’inégalité. Et peu importe si ce sont bien souvent des artisans qui confectionnent pour la maroquinerie ou la sellerie du made in France. Cette industrie là n’a pas vraiment la cote. Et être milliardaire dans le luxe, c’est la double peine.

Mais l’hostilité à laquelle ils doivent faire face tient aussi à la présence, à la gauche extrême de l’échiquier politique, de formations qui tiennent des propos radicaux sur le sujet. Mélenchon va jusqu’à dire que « tout ce qui va aux milliardaires a été retiré à ceux qui produisent ». Du Marx dans le texte. Marine Tonnelier, la patronne des Verts, rêve d’une « France sans milliardaires ». Elle devrait aller en parler aux Américains, aux Chinois ou aux Russes.

Partager cet article :

Privacy Preference Center