Une violence peut en cacher une autre
A l’appel de plusieurs syndicats, des cheminots étaient en grève, lundi, pour dénoncer la montée des violences dans les trains et demander plus de sécurité. La brutalisation de la société a gagné tous les milieux et les transports n’y échappent pas. La population ne peut donc que les soutenir.
Mais la revendication légitime des cheminots et toutes les questions sociétales qu’elle soulève devraient aussi amener les professionnels du rail à s’interroger sur leur propre comportement. Car les circonstances amènent à constater qu’ils participent, eux aussi, à cette montée des tensions. Le cynisme que déploient les dirigeants syndicaux de la CGT ou de Sud Rail quand ils viennent, sur les plateaux télé, annoncer triomphants qu’ils vont bloquer tout le pays, est la traduction manifeste d’une forme d’hostilité.
Le cynisme qu’ils affichent à toujours choisir les périodes de congés, et notamment ceux de Noël, pour déclencher leurs grèves, n’est-il pas la traduction d’ un usage abusif de la force en une période très inappropriée, bloquant ainsi des dizaines de milliers d’enfants en transit familial, errant dans des gares sans solutions et sans espoirs d’atteindre en temps voulu leur destination parfois très lointaine. Et quel cynisme, aussi, de ne pas annoncer leur choix de faire grève, ou non, jusqu’au dernier moment, pour empêcher la direction de prendre des dispositions sur l’ensemble du réseau et montrer ainsi doublement leur pouvoir de nuisance.
Il y a de la violence manifeste dans ces comportements totalement contraires au contrat social et au bien-vivre ensemble, venant, de surcroît, d’une profession privilégiée où les rémunérations sont supérieures à la moyenne, avec départ précoce à la retraite. Ces fameux régimes spéciaux de la fonction publique, en partie responsables de la situation déplorable de nos finances puisque c’est le budget de l’État qui doit en permanence combler le gouffre de caisses de retraite lourdement percutées par ces départs précoces.
Et il s’éloigne du quai de gare, ce temps où les voyageurs se disaient solidaires des cheminots faisant grève pour eux, par procuration. Le voile est tombé devant ces grèves strictement catégorielles, comme l’a démontré ce récent accord secret entre syndicats de la Sncf et Jean-Pierre Farandou, alors pdg du groupe et maintenant ministre du Travail, permettant aux cheminots de contourner en partie la réforme des retraites de 2023.
Alors qu’en sera-t-il pour Noël prochain ? A ce stade aucun préavis n’est déposé. Et il faut espérer que, compte tenu des temps difficiles que nous traversons, les cheminots n’auront pas l’indécence de choisir encore Noël pour ajouter le chaos sur les rails au déraillement de nos finances publiques.