Ce Sénat sans RN ni LFI

La deuxième tasse pour faire refroidir le café. Rarement, le Sénat aura autant mérité cette image. Il est là pour faire tomber la température quand les députés s’enflamment trop. Et les dernières semaines ont montré à quel point l’Assemblée a fait chauffer la carte de crédit de l’État, multipliant les dépenses nouvelles à l’heure où il faudrait d’abord songer à serrer la ceinture en élaborant le budget 2026 du pays. Certains sénateurs ont annoncé, haut et fort, qu’ils allaient passer à la sulfateuse bon nombre de décisions des députés pour remettre tout cela à niveau. La première et la plus symbolique étant bien sûr l’annulation de la suspension de la réforme des retraites décidée à l’Assemblée par 245 voix contre 146. Donc, avec le Sénat, retour à la retraite à 64 ans. Et peut-être même un vote en faveur de la participation des retraités les plus aisés au redressement  de nos comptes publics, ce que l’Assemblée a refusé jusqu’ici malgré l’appel à l’engagement de tous face à l’urgence.

Le tout dans une atmosphère bien plus paisible qu’à l’Assemblée, puisque dans cette chambre-là, il n’y a ni RN de Marine Le Pen, ni LFI de Jean-Luc Mélenchon, en raison du mode de désignation des sénateurs. Ce sont les élus locaux qui les élisent. Et comme LFI et RN dirigent à ce jour bien peu de communes, ils n’ont pas de groupe au Sénat, contrairement à l’Assemblée où ils prennent en tenaille le reste de l’hémicycle. RN comme LFI n’ont jamais eu à gérer les affaires du pays et donc à mettre des recettes en face des dépenses. Ce sont ainsi les deux formations les plus radicales sur l’âge de la retraite (60 ans, a encore redit Mélenchon), preuve manifeste de leur méconnaissance totale des impératifs budgétaires.

Sous la présidence de Gérard Larcher, un habitué de l’Ile de Batz (photo), les sénateurs vont donc écrire leur version du budget 2025, largement inspiré par les idées de la droite puisque c’est elle qui domine au Sénat. Ensuite les deux versions seront soumises à une commission mixte composée de députés et de sénateurs pour essayer d’élaborer une version unique. Mais c’est toujours l’Assemblée qui a le dernier mot.

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