Le 49.3, un café et l’addition

A l’Assemblée, on vit une séquence parlementaire extravagante. Des jours et des nuits de discussions autour des recettes de l’État et au moment du vote, un seul député s’est prononcé en faveur du budget ainsi laborieusement élaboré. Un sur 577. On en voit donc de toutes les couleurs et dans ce panorama sans cesse chamboulée, voilà que se profile encore une extravagance avec un 49.3 s’avançant sens dessus-dessous. D’ordinaire, ce sont les Premiers ministres qui utilisent cette procédure pour imposer un projet de loi, face à des oppositions hurlant à la dictature contre ce passage en force.

Cette fois, c’est un scénario tout à fait inverse qui s’annonce maintenant avec les appels du pied  pour que le Premier ministre fasse usage du 49.3 pour faire adopter le budget 2026 alors que Sébastien Lecornu, l’homme de Matignon, a promis depuis des semaines de ne pas y recourir pour que l’Assemblée prenne ses responsabilités en adoptant elle-même le budget.

Encore plus de retraités

Dans cette séquence parlementaire qui turbine en mode accéléré, une seule chose intéresse au plus haut point le parti socialiste. Obtenir la suspension de la réforme des retraites que Olivier Faure (photo) et les socialistes ramèneraient comme un scalp, juste au lancement de la campagne des municipales. Pour un parti qui a touché le fond avec le pitoyable 1,75 % d’Anne Hidalgo à la présidentielle 2022, rapporter un tel trophée serait un inespéré retour à l’avant scène à l’heure où les électeurs vont faire leur choix municipal. Drôle de trophée en vérité car à l’heure où le coût des retraites écrase les finances publiques du poids de 17 millions de pensions à payer chaque mois et des exorbitantes dépenses de santé liées au vieillissement de la population, voilà que le PS veut se glorifier d’une mesure de retour en arrière qui va mettre encore plus de personnes à la retraite dans les prochaines années. Une pure folie quand d’autres pays européens en sont à programmer la retraite à 70 ans.

Pour cela, les dirigeants du PS prônent le 49,3 qui leur permettrait d’obtenir la suspension de la réforme des retraites sans se compromettre par un vote positif ou une abstention, puisque le 49,3 entraîne une procédure de vote bloqué permettant l’adoption du texte proposé. A eux la gloire de la victoire sans le soupçon de la compromission.

Mais Sébastien Lecornu ne l’entend pas de cette oreille. Il veut aller jusqu’au bout de sa promesse d’un vote par l’Assemblée et sait que les socialistes sont maintenant allés trop loin pour tout envoyer valdinguer. C’est eux qui seraient tenus pour responsables d’un échec, comme Macron avec sa dissolution. Ils essaient donc de lui tordre le bras, lui veut avant cela leur tordre la main. Le tout sous le regard intéressé et le rire sarcastique du RN et de LFI. Plus l’Assemblée est bordélisée, meilleur c’est pour leur petit commerce. C’est là-dessus qu’ils fondent toute leur stratégie depuis des mois et des mois, avec l’espoir que Lecornu n’utilisera pas le 49,4. Forcément. Le bazar leur va si bien…

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