Les politiques premier souci des Français
Encore plus que l’insécurité et le pouvoir d’achat, ce sont les politiques qui sont devenus le premier souci des Français. Tel est le résultat du baromètre Cevipof-Science-Po sur les « priorités des Français » qui indique que, pour la première fois sous la Ve République, notre vie politique détraquée arrive en tête des préoccupations de la population française. Cette première ne constitue pas une surprise tant, depuis la dissolution de 2024, la politique française traverse une zone de turbulences inédite, du moins sous la Ve République. En revanche, sous la IVe République (1945-1958), les Français auraient souvent fait cette même réponse, tant la valse des gouvernements fut parfois constante et aussi désespérante que celle que nous traversons.
Il est vrai qu’avec le résultat sorti des urnes en juillet 2024, l’échiquier politique est cul par-dessus tête, sans majorité et sans entente dans sa composante la plus élargie, avec le RN et LFI jouant de leurs votes pour entretenir la confusion la plus consternante.
Mais les médias n’ont-ils pas, eux aussi, leur responsabilité dans la détérioration du climat politique ? Beaucoup d’entre eux semblent courir après les réseaux sociaux pour stigmatiser en permanence la politique (et cela donne le résultat de ce sondage) en oubliant la mission qui est la leur d’éclairer sur les grandes problématiques du pays. Les retraites, par exemple, où tant de contre-vérités sont dites sur un système qui refuse de prendre en considération le bond de l’espérance de vie et le poids exorbitant qu’elle fait peser sur les finances publiques.
La chasse aux têtes qui dépassent est d’ailleurs largement ouverte comme en témoigne ce » Complément d’enquête » (France 2, jeudi soir) à charge virulente contre Bernard Arnault, premier contribuable français, à la tête d’un groupe générant 40.000 emplois directs et 140.000 indirects. Il n’est pas loin d’être présenté comme un malfaiteur pour sa reprise de Boussac, il y a quarante ans, avec l’aide de l’État, trop content à l’époque que le groupe criblé de dettes ne sombre pas corps et biens. Une procédure courante dans ces cas-là et Bernard Arnault a, depuis, remboursé cent fois ce qui lui avait été prêté.
Mais, nous-mêmes, ne sommes nous pas aussi collectivement responsables de la détérioration de la vie politique que nous condamnons avec force ? Depuis des lustres, nous sommes toujours prêts à descendre dans la rue et à tout casser s’il le faut. Les retraites, justement, ne sont elles pas l’exemple-type de notre particularisme national à refuser de regarder les vérités en face et à fuir les responsabilités qui sont les nôtres, au détriment des générations à venir, en mettant tout sur le dos des politiques. Et à chaque occasion, nous nous mobilisons contre ce qui pour et pour tout ce qui est contre, donnant de nous l’image d’un peuple quasi-ingouvernable. Alors quand, en prime, on est en panne de gouvernement…